lundi 1 août 2011

Navigation sereine : du 4 au 10 juillet 2011 – Les Açores, Joséphine

Direction plein Est au près puis rapidement aux allures portantes oscillantes du grand large au vent arrière. Le ciel est plutôt clément avec des périodes de grand soleil entrecoupées de quelques nuages. Les conditions idéales pour ces premiers jours de navigation. De jolies surprises de la nature, des moments de joies, d’émotions ponctuent notre route. Jamais d’angoisse ni de tension pour ce départ. C’est presque trop facile… :

Surprise météo - La Boudeuse avance bon train quand un nuage la survolant déverse sur la tête de la barreuse une pluie généreuse. Arrêt total du bateau et calme plat comme si l’air et l’eau s’arrêtaient pour bavarder. Après quelques temps La Boudeuse lentement, lourdement se laisse soulever par ses voiles regonflées et reprend tranquillement sa route.

Pendant plusieurs heures, nos amis les dauphins viennent s’amuser autour du bateau, plongeant sous l’étrave, surg
issant à la poupe, coursant La Boudeuse, saut périlleux de quelques audacieux. Ils nous narguent : quand Olivier distrait empanne et provoque l’arrêt net du navire, les dauphins stoppent leur course folle et attendent patiemment sur le dos que les voiles soient à nouveau gonflées. Ce spectacle réjouit les filles qui pour l’occasion vêtues de leur gilet peuvent accéder à la poupe du navire.


La mer est calme le vent presque absent. Le bruit de la baume attire trois baleines communes. Elles nous accompagnent un long moment. Nous nous observons mutuellement. Il s’agit certainement d’une famille avec un bébé d’au moins 9 mètres et ses parents plus grands que La Boudeuse. Un souffle caractéristique sort de leurs narines d’ouverture large d’au moins 40 cm. Admiration mêlée à l’angoisse. On évoque les dégâts que peuvent engendrer de tels monstres marins.

La navigation est parfois douce et belle et d’autre fois agitée et toujours aussi belle. Nuits de quart calmes après des journées parfois agitées. Forte houle par l’arrière qui se transforme en agréable balancement sous le ciel étoilé. Parfois la lune nous surprend par derrière et nous accompagne dans le noir.


Les traits d’humour de l’équipage - Sous un vent force 2 à 3 maximum et après des heures d’immobilité, Anita toute fière annonce « Ah j’ai bien avancé, 50 milles en 1 h (en moyenne on arrive à parcourir 100 milles en 1 journée)! En plus avec un super cap ! ». Olivier fou furieux sort du cockpit prêt à tuer le génois qu’il s’est efforcé de garder bandé toute la nuit. Après calculs et réflexions le capitaine comprend enfin l’erreur. E
n passant le « way point » programmé sur le GPS, l’appareil re-calcul la distance à parcourir en fonction du prochain « way point » ce qui peut artificiellement augmenter la distance parcourue. Olivier se gausse. Quelques quarts plus tard Anita se venge en sortant de sa couchette agacée par le claquage incessant des voiles « euh ! olivier c’est 130 ° le cap » et Olivier de répondre en effectuant un franc coup de barre « euh ! t’as pas tort ».



La pêche est très décevante. Le capitaine a pourtant mobilisé toutes ses troupes : Charlie, Victor… rien n’y fait, pas une touche. Il semble que l’homme est réellement parvenu à vider l’Océan.



Les conditions de vie à bord sont spartiates. On se douche à l’arrière du pont quand la météo le permet et le reste du temps on se bouche le nez. Le bain des filles se transforme en jeu dans le carré à l’étroit d’une bassine. Les besoins s
e font par-dessus bord et par gros temps on sert les dents. Les couchettes sont interchangeables et on s’enjambe dangereusement pour prendre son quart. A en regretter presque le confort de Lamalu…


La Boudeuse mérite par contre ses 5 étoiles en termes de préparation culinaire. La palme d’or revient au capitaine pour sa tortilla renversante par gros temps et les crêpes pour rendre la bonne mine aux filles après un amarinage difficile. Prix spécial du jury pour la quiche, préparation relevant de la véritable prouesse technique par forte gite.



Les enfants à bord - Après un cours temps d’amarinage (24h), la vie normale s’installe. Les d
isputes reprennent mais chacun finit par trouver son équilibre et s’approprie son aire : Nora fille de l’air investit le cockpit le nez au vent. Eloïse en bonne descendante du capitaine a élu domicile dans le carré et sort de temps son nez pour superviser l’ensemble. Le voyage est riche pour les enfants malgré l’espace réduit et le confinement. Un nouveau monde à découvrir : vaste océan d’où surgissent sans prévenir dauphins et baleines. Avec une artiste à bord l’émulation va bon train et les chefs d’œuvre foisonnent. De simples occupations rythment les journées : jeux d’eau pour se détendre, devinettes pour occuper l’esprit, on aide aussi à la cuisine surtout pour jeter les épluchures sous le vent.

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