
Merveilleux levé de soleil sur les portes containers endormis, pointe de Gibraltar en contre-jour et magnifique côte africaine de l’autre côté de la Méditerranée. Baisser de rideau sur une longue traversée qui se termine en beauté.
BMS : Bulletin Météorologique Spécial, coup de vent sur le Golfe annonce Martine. Echaudé par les nuits précédentes, l’équipage de concert choisi la prudence et décide de rejoindre au plus vite la côte portugaise. Notre abri se nomme Villa Real de Santo Antonio et se situe dans la belle Algavre du Portugal. L’entrée dans la marina est délicate car elle se fait par une étroite ouverture depuis le canal ou règne un fort courant. A la marina on se préoccupe apparemment plus de la météo des plages que de la marine. Pas connaissance en tout cas de ce coup de vent. Nous profitons de l’escale pour visiter le charmant village portugais et déguster la « bachalau » locale.
Reposés, nous devenons plus téméraires et décidons de reprendre la mer. Sortie périlleuse de la marina et panne moteur dans le canal. Belle réactivité de l’équipe et sortie en beauté à la voile avec quelques sueurs froides quand même.
Sur le livre de bord est inscrit : conditions difficiles, force 6 à 8, avec mer très agitée. Tout a commencé par un grain annonciateur. Une bosse de ris lâche, 300 milles avant le cap St Vincent. Une longue lutte commence : vent force 7 avec des rafales à 8 sur une mer très formée à la houle haute et parfois déferlante. Quelques vagues déferlent sur le bateau et remplissent le cockpit qui se vide progressivement. Une cinquantaine de coups de pompe sont alors nécessaires pour vider les cales. L’une de ces vagues a réussi à coucher le bateau mais n’est heureusement pas parvenue à emporter le capitaine bien cramponné à la barre et retenu par son harnais. L’eau monte jusqu’au genou à l’intérieur du cockpit. Mais la Boudeuse refoule les assauts et garde le cap ! Les trois barreurs se relaient. Anita ne veut pas être en reste et s’oppose à la volonté du capitaine qui voulait la préserver en lui évitant les quarts. « Tu fais quoi là, voyant Thierry renfilant sa salopette, retourne dormir ! » et la voici sortie du cockpit, veste de quart sur les épaules pour prendre son tour. Olivier pieds dans l’eau à la barre et Anita qui attend dans le carré « que le bassin se vide. ». Par miracle Olivier traverse son quart sans se faire arrosé et c’est tout à fait sec qu’il s’apprête à céder son tour. Quand au dernier moment une déferlante le trempe et là retentit le juron favoris « pu.de.me.co. ». Le capitaine crache à la mer se retourne et reçoit en retour une bonne brassée d’eau de mer « retour à l’envoyeur ». Anita traverse le bateau en une seconde pour finir s’amocher la pomme de main sur le coin de la cuisinière. Des cargos qui curieux s’approchent de cette petite embarcation bien vulnérable au milieu de ce déchaînement.
Et pendant que les barreurs luttent contre les éléments et gardent le cap, Sandrine confinée avec les filles dans la cabine arrière demande à Nora de lui passer le seau, sous les éclats de rires d’Eloïse. Les filles incroyablement patientes et confiantes ont, elles aussi, essuyé la tempête, 48h enfermées à se balancer avec la gîte.